portrait de Dolores Marat

EXPOSITION

Dolorès Marat

L'INSTANT PASSÉ

Dolorès Marat, née en 1944 à Paris, est une photographe précoce et autodidacte, aujourd’hui exposée à l’international. Son credo est l’instinct, qu’elle traduit en émotions contagieuses.

Son don est remarqué à l’âge de 15 ans, alors qu’elle travaille comme femme de ménage à la boutique du photographe M. Froissard. Celui-ci décide de l’engager comme apprentie et lui apprend à développer les films, tirer, retoucher, réaliser des photos d’identité…

Mariée à 19 ans, Dolorès Marat devient mère relativement jeune. Dans un premier temps, la photographie est pour elle un moyen de (sur)vivre. D’abord photographe de rue, elle est ensuite embauchée au sein du magazine L’Oréal où elle réalise notamment des portraits (Sarah Moon, Helmut Newton, Guy Bourdin…)
Ce n’est qu’une fois ses enfants devenus indépendants qu’elle entame une pratique artistique réellement personnelle.

Mettre des mots sur sa démarche n’est pas une chose simple pour elle. C’est plutôt de l’ordre de l’impensé, son mode d’expression naturel.
La photographie a toujours suivi le mouvement de sa propre vie, parfois turbulente, d’où les fameux flous qu’on associe à sa signature visuelle. Elle n’est pas du genre à attendre une heure après une lumière ou que quelqu’un passe dans une rue repérée à l’avance. A la place, elle mène sa vie, prend le métro, fait ses courses… avec son Leica toujours à portée de main. Son geste est furtif, direct, spontané. Dolorès Marat marche à l’émotion et a besoin qu’une chose la touche en son for intérieur pour appuyer sur le déclencheur. La contre-partie est d’ « accepter que ça ne marche pas à tous les coups », et donc de devoir jeter une bonne partie de ce que contient sa pellicule. Son style ne fait pas l’unanimité, il lui a fallu apprendre à résister et se battre contre ce qu’on lui disait pour affirmer sa place, y compris professionnellement, dans le monde de l’art.

Le paradoxe est que de scènes de son quotidien, elle tire des visions incroyables, poétiques et oniriques. Comme les clichés qu’elle capture aujourd’hui depuis le toit terrasse fleuri de son appartement avec vue sur le palais des papes et qui nous font pourtant voyager : en nous-mêmes, dans des contrées imaginaires…

Pour travailler, elle dit simplement qu’elle a besoin de se sentir libre, peu importe où elle se trouve. D’ailleurs, elle considère son activité comme fondamentalement solitaire. Le regard de l’autre risque à ses yeux de venir parasiter son regard, ou d’empêcher qu’une émotion ne l’atteigne. Il s’agit donc de s’isoler pour mieux partager ensuite. Car une bonne part de la magie de Dolorès Marat repose sur sa faculté d’empathie, sa capacité à faire résonner notre imaginaire. « Cette émotion que j’ai ressentie, quand les gens la ressentent à leur tour, c’est ce qui est merveilleux. »

Elle invite à se saisir d’images qui ont surgi dans sa vie, ne serait-ce qu’une fraction de seconde, et qui l’ont troublée comme la lune devenue rouge le temps d’une nuit, ou l’ombre d’un passant… Des instants furtifs, instables, d’une beauté qui émane parfois de la noirceur mais qui ne s’y complaît pas. 

Dolorès Marat est représentée en France et aux États Unis par la Louis’ Dimension Gallery.

QUELQUES PHOTOGRAPHIES